Vittorio DE SICA

Né en 1901 dans le Latium, au sud de Rome, Vittorio De Sica a passé une partie de son enfance à Naples avant que sa famille ne s’installe à Florence. Durant la Première Guerre mondiale, à l’âge de 15 ans, il s’initie au théâtre en proposant des spectacles aux soldats blessés. S’il deviendra l’un des plus grands cinéastes italiens, c’est d’abord en tant qu’acteur que le jeune homme découvre la scène. Installé à Rome, il débute une carrière théâtrale au sein de diverses compagnies et apparaît dans plusieurs films. Il poursuivra ses expériences théâtrales jusque dans les années 1950, mais s’impose rapidement au cinéma, dès 1932, avec (Les Hommes, quels mufles !) de Mario Camerini, avant de passer à la réalisation de longs métrages au début des années 1940 (Roses écarlates, Madeleine, Zéro de conduite, Madame vendredi). En 1944, (Les Enfants nous regardent) marque une étape décisive : De Sica réalise son premier chef-d’œuvre. Le film, écrit par le grand scénariste Cesare Zavattini et révélant le tout jeune Marcello Mastroianni, s’impose parmi les œuvres fondatrices du courant néoréaliste naissant. De Sica s’engage alors dans une période faste, réalisant coup sur coup quatre chefs-d’œuvre néoréalistes, toujours avec Zavattini : • (Sciuscià, 1946) • (Le Voleur de bicyclette, 1948) • (Miracle à Milan, 1951) • (Umberto D., 1952) Les deux premiers, couronnés par l’Oscar du meilleur film étranger, sont centrés sur le thème de l’enfance : dans (Sciuscià), deux cireurs de chaussures traversent Rome, tout comme le petit héros du (Voleur de bicyclette) et son père. Filmant la réalité de l’après-guerre avec un style qui allie la rigueur documentaire à la logique de la fable – souvent à travers le regard des plus faibles – De Sica obtient un succès mondial et devient un des maîtres du néoréalisme aux côtés de Luchino Visconti et Roberto Rossellini. Si (Miracle à Milan), situé dans un bidonville, tend vers le réalisme magique, (Umberto D.) – bouleversant drame sur la misère et l’exclusion d’un vieil homme et de son chien – marque l’apogée de son approche néoréaliste. Tout en poursuivant une carrière d’acteur à succès, De Sica s’oriente aussi vers des genres plus populaires et contribue à l’essor de la comédie italienne, en plein âge d’or dans les années 1950. Il triomphe dès (L’Or de Naples, 1952), film à sketches inspiré de son enfance napolitaine, et enchaîne avec de grands succès : • (Hier, aujourd’hui et demain, 1963) – Oscar du meilleur film étranger • (Mariage à l’italienne, 1964) • (Il Boom, 1963) Tous portés par le duo mythique Marcello Mastroianni – Sophia Loren. Dans le registre dramatique, De Sica signe aussi des œuvres marquantes comme (La Ciociara, 1960), avec Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo, ou (Le Jardin des Finzi-Contini, 1970), situé dans l’Italie des années 1930 en pleine montée du fascisme, couronné par l’Oscar du meilleur film étranger et l’Ours d’or à Berlin. Cinéaste au regard tendre et profondément attaché au peuple, Vittorio De Sica s’est affirmé comme l’un des piliers de l’âge d’or du cinéma italien (des années 1940 au milieu des années 1970), avant de s’éteindre en 1974.