Bahman Ghobadi
Bahman Ghobadi entre dans le cinéma par la voie la plus simple et la plus déterminée : les courts métrages. Il se forme dans un centre pour jeunes cinéastes avec l’idée claire de faire carrière dans l’audiovisuel. Il obtient ensuite un Bachelor of Art à l’Iranian Broadcasting College, tout en continuant à tourner des courts en 8 mm, Betacam et 16 mm.
Au début des années 1990, il réalise Golbaji et A Glance (1990), avant d’enchaîner avec Again Rain with Melody (1995), Party, Like Mother, God’s Fish, Notebook’s Quote, Ding (1996), puis une série de films réalisés en 1997 : Vivre dans le brouillard, The Pigeon of Nader Flew, Telephone Booth, War is Over et Daf. Cette décennie le fait émerger dans les festivals internationaux, notamment avec le Prix spécial du jury à Clermont-Ferrand pour Vivre dans le brouillard.
Un temps assistant d’Abbas Kiarostami sur Le Vent nous emportera et acteur dans Le Tableau noir de Samira Makhmalbaf, Ghobadi affine sa sensibilité auprès des grandes figures du cinéma iranien.
En 2000, il passe au long métrage avec Un temps pour l’ivresse des chevaux, plongée brute dans la vie rurale du Kurdistan iranien. Le film décroche la Caméra d’or au Festival de Cannes 2000.
Il poursuit avec Les Chants du pays de ma mère (2002), sélectionné à Un certain regard, puis réalise les longs Daf et War Is Over? (2003).
En 2004, il signe Lakposhtha parvaz mikonand, suivi en 2005 par Les Tortues volent aussi, qui remporte la Coquille d’or à Saint-Sébastien. Son cinéma reste fidèle à son territoire : frontal, sensible, ancré dans les réalités kurdes.
Il continue sur cette ligne avec Demi-lune (2006), puis change de terrain avec Les Chats persans (2009), plongée vive dans la scène musicale underground de Téhéran, récompensée par le Prix spécial du jury Un certain regard au 62e Festival de Cannes.
La suite de sa trajectoire le mène vers La Saison des Rhinocéros (2012), puis vers le film choral Words with Gods (2014). En 2015, il réalise A Flag Without a Country, avant de revenir en 2021 avec The Four Walls, poursuivant son exploration des marges, des identités et des résistances.
Le parcours de Bahman Ghobadi se lit comme une ligne tendue entre l’urgence de filmer et la fidélité à un peuple, un territoire, une blessure collective — toujours racontés avec une caméra qui ne détourne jamais les yeux.