Abbas Kiarostami
Né à Téhéran le 22 juin 1940, Abbas Kiarostami est un cinéaste majeur de la Nouvelle Vague iranienne. Après des études aux Beaux-Arts, il débute dans l’art par la peinture et le dessin, puis travaille comme concepteur d’affiches de films, de couvertures de livres et réalisateur de spots publicitaires. Entre 1960 et 1969, il signe plus de 150 spots. En 1969, il fonde le département cinéma de l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes, où se développe la Nouvelle Vague iranienne. Il y produit presque tous ses films jusqu’en 1992, dont son premier court métrage (Le Pain et la Rue) (1970) et son premier long métrage (Le Passager) (1974).
Lors de la révolution de 1979, il choisit de rester en Iran. Son intérêt pour l’enfance traverse toute son œuvre, notamment dans (Où est la maison de mon ami ?), premier film de sa trilogie du village de Koker, qui, avec (Et la vie continue) et (Au travers des oliviers), lui apporte à partir des années 1990 une reconnaissance internationale.
En 1997, il obtient la Palme d’or au Festival de Cannes pour (Le Goût de la cerise), d’abord bloqué en Iran pour non-respect du code de censure ; la copie est finalement envoyée à Cannes au dernier moment. (Le Vent nous emportera) remporte le Grand Prix spécial du jury à Venise en 1999.
Pour la première fois en 2001, Kiarostami tourne à l’étranger avec le documentaire (ABC Africa). Il revient à Cannes avec (Ten) (2002), (Copie conforme) (2010) — prix d’interprétation pour Juliette Binoche — et (Like Someone in Love) (2012). Par la suite, il explore des œuvres plus expérimentales.
Figure majeure de l’art contemporain, il est également reconnu pour ses installations et photographies exposées dans le monde entier, ainsi que pour ses recueils de poèmes traduits dans une dizaine de langues. Il met également en scène l’opéra Così fan tutte pour le 60e Festival d’Aix-en-Provence.
Kiarostami développe un cinéma de dialogues poétiques et de narration allégorique pour traiter de questions politiques et philosophiques. Il oscille entre le monde de l’enfance et une grande attention au réel. Très attentif au cadre et à la lumière, sa signature cinématographique est immédiatement reconnaissable. Jouant sur les durées, les longueurs, les trouées dans le récit et les structures narratives à tiroirs multiples, son œuvre pose de nombreuses questions philosophiques : qu’est-ce que raconter ? Comment représenter la réalité ? Comment tisser des liens entre acteurs et personnages ?
Abbas Kiarostami meurt à Paris le 4 juillet 2016.