Andreï Tarkovski
Andrei Tarkovski naît le 4 avril 1932 à Zavroje, au bord de la Volga, près d’Ivanovo. Son père, Arseni Tarkovski, est un poète reconnu — on entendra d’ailleurs ses vers dans (Le Miroir) et (Stalker). Après des études de musique, de peinture et d’arabe, Andrei travaille comme géologue en Sibérie en 1952, avant d’entrer au VGIK, l’école de cinéma d’État de Moscou, où il a pour professeur Mikhail Romm. En 1956, il réalise (Les Tueurs), court métrage inspiré d’Hemingway, puis en 1959 (Il n’y aura pas de départ aujourd’hui). En 1960, il signe le moyen métrage en couleurs (Le Rouleau compresseur et le violon).
Sa carrière, brève en raison du temps long que nécessitaient la conception et le tournage de ses films, ainsi que de sa mort prématurée, est largement soutenue par les festivals européens. (L’Enfance d’Ivan) remporte en 1962 le Lion d’or à Venise, ex æquo avec Journal intime de Valerio Zurlini. Jean-Paul Sartre prend la défense du film, critiqué en Italie pour son formalisme. En 1969, Cannes présente (Andreï Roublev) — fresque de trois heures écrite avec Andrei Mikhalkov-Konchalovsky — qui avait été retenue deux ans et demi par les autorités soviétiques, prétextant qu’il n’était « pas terminé ». Le film reçoit le Prix de la critique internationale et révèle Tarkovski au monde.
En 1972, Cannes dévoile (Solaris), adapté du roman de Stanislas Lem, qui reçoit le Prix spécial du jury. En 1974, Tarkovski tourne (Le Miroir), présenté seulement en 1978 au festival de Paris, où l’œuvre fascine autant qu’elle déconcerte par son caractère autobiographique et son apparente opacité. En 1980, (Stalker), présenté à Cannes, obtient un succès critique majeur. Les autorités soviétiques lui interdisent alors un déplacement en France, mais le laissent partir à Londres en 1981 pour mettre en scène l’opéra Boris Godounov au Covent Garden, puis en Italie en 1982 pour préparer, avec Tonino Guerra, (Nostalghia), coproduction italo-française. Les repérages sont filmés dans le moyen métrage Tempo di viaggio. (Nostalghia), méditation sur l’exil et la nostalgie, obtient à Cannes en 1983 le Grand Prix du cinéma de création, partagé avec (L’Argent) de Robert Bresson.
L’exil de Tarkovski commence alors véritablement : il reste en Italie avec son épouse et collaboratrice Larissa, et lutte pour faire venir son fils, ce qui n'aboutit qu’au début de l’année 1986, grâce notamment au changement de climat politique sous Gorbatchev. À ce moment, Tarkovski termine (Le Sacrifice), coproduction franco-suédoise associant des partenaires britanniques. Déjà affaibli par un cancer, il ne peut se rendre à Cannes en 1986. Son fils reçoit à sa place le Grand Prix spécial, dans un moment d’émotion intense.
Andrei Tarkovski meurt à Paris le 29 décembre 1986, sans avoir pu bénéficier du renouveau soviétique ni approfondir une œuvre d’une ampleur rare, où la spiritualité prenait une place de plus en plus centrale.